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Cimetière : une consultation biaisée

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Le point était inscrit à l’ordre du jour du conseil municipal comme une information : Présentation des modalités de concertation pour le choix du site du cimetière. Mais le document n’avait pas été joint au paquet adressé aux conseillers qui l’ont découvert à leur place en entrant dans la salle. Seuls les membres du comité « voirie, aménagements urbains » avaient pu le survoler à la réunion du 13 septembre... C’était une « information », il n’y aurait donc pas de débat...

Vite, passons à autre chose !

Mme la maire a tenté de bloquer toute discussion : après un rapide survol du document, elle passe la parole à son adjoint aux travaux pour qu’il présente le rapport du syndicat d’eau. Le message était clair : même si le document était un « projet, » il n’y avait pas lieu de discuter cette « information. » Emballez, c’est pesé : ce sera dans le prochain bulletin municipal, avec un coupon réponse GRATUIT.

Pas question pour nous d’accepter le tour de passe-passe, qui aurait permis de prétendre faire de la consultation démocratique... sur un document contestable. J’ai donc demandé la parole et averti que mon intervention serait assez longue – trop longue sans doute au goût de M. Heude qui trouvait dans une réunion précédent qu’on m’entendait trop. Mme Martin ne pouvait faire autrement que de me laisser parler... Voici le texte de l’intervention, que j’ai présentée jusqu’au bout malgré les multiples tentatives d’interruption, qui souvent étaient des attaques personnelles sans rapport avec le fond de la discussion.

Et à la fin, le document ne sera évidemment pas amendé... On le savait depuis le début.

Avec une voix par ménage. M. Moulinas, croyant avoir trouvé la parade à cette objection, dit qu’il n’y a qu’un contribuable par maison. Voilà qui nous ramène encore plus loin dans l’histoire, au temps du « suffrage censitaire » : il fallait payer une certaine somme d’impôt pour pouvoir voter !

Au bon temps de la Restauration, de 1814 à 1830, il fallait payer 300 Francs d’impôts pour être électeur, et 1000 pour être éligible. Ah, déjà, seules pouvaient compter les CSP+ si chères à la majorité municipale.

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Le « projet » tel qu’il a été mis sur les tables des conseillers

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Le « projet » déposé devant les conseillers

Une information ? donc pas de débat ? Pas de modification ?

Le texte de mon intervention : Un document inacceptable en l’état.

Ce point était donné comme une information : aucun débat n’était envisagé. Malgré le mot « projet » imprimé en filigrane dans le document distribué, pas de modification possible. Or, le document est inacceptable en l’état : il donne une présentation biaisée, et j’oserais dire insincère.

Dès votre éditorial introductif, vous écrivez : « le choix d’implanter le futur cimetière ne peut se faire sur un coup de tête ni sur une signature au bas d’un document. » Vous avez tout à fait raison. Mais alors il faut rappeler que le choix du Grand Célac a été validé dans le PLU approuvé en 2006. Après une large concertation. Je rappelle qu’il y avait un groupe de travail rassemblant des élus et des non élus ! A l’époque, aucune observation n’a été faite au commissaire enquêteur ni par le public ni par les « personnes publiques associées ; » ; rien de la Chambre d’agriculture, rien du côté des services de l’Etat.

Ensuite, un autre groupe de travail a planché sur le projet, avec l’aide de spécialistes (le cabinet Campo, puis l’agence Prim’Vert qui a contribué à définir l’Avant-Projet Sommaire). Rien à voir avec un coup de tête... ni avec une signature expéditive au bas d’un document.

Vous avez fait campagne sur le sujet avec comme seul argument la distance jugée trop grande. L’argument a porté, il a contribué à votre élection.

Vous prétendez aujourd’hui lancer une consultation publique, mais déjà elle se restreint à une voix par famille ! Comme si on revenait au bon vieux temps où seul le chef de famille avait voix au chapitre.

Vous comparez les distances et les temps d’accès, un point qui serait peu contestable. Et pourtant...

Rien à dire sur la distance entre l’église et les deux sites, encore qu’aujourd’hui il y ait de plus en plus de cérémonies civiles. Où donc est le point de départ ?

Mais il y a plus grave, à moins que ce ne soit risible. Vous mesurez la distance entre l’avenue des Genêts et les deux sites... avec un avantage incontestable pour le site de Kerojonc. Surtout si vous indiquez le temps du parcours à pied. Cela veut dire qu’on laisse la voiture Avenue des Genêts. Sur quel parking ? Sur le cheminement piétons/vélos à l’ouest de l’avenue ? Ce n’est pas sérieux !

Vous évoquez le coût des deux projets. Et comme par miracle, vous arrivez à des sommes comparables.

D’abord, il faut imputer au projet Kerojonc des dépenses que vous passez par pertes et profits : ce qui a été mis dans les études et acquisitions pour le site du Grand Célac. Le total dépasse les 110K€ comme le montre le tableau ci-dessous :

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Débours pour le projet Grand Célac mars 2014

Vous mettez à la poubelle les 112Ke engagés sur le projet au grand Célac (et on ne parlera pas de l’extension du cimetière actuel que vous avez dû faire au lieu d’enchaîner sur la procédure que nous avions commencée)

Pour l’aménagement des deux sites, vous affirmez que c’est le même montant. C’est au moins inexact : vous devrez forcément prévoir une phase comparable aux études des cabinets Campo (Mme Maguéro) et Prim’Vert.

Vous reconnaissez parmi les inconvénients du site de Kerojonc « une topographie plus contraignante. » Ces contraintes auront des conséquences financières qui sont évidemment passées sous silence !

Vous prévoyez d’un côté des dépenses énormes et pas grand chose de l’autre. Et pour évaluer les « autres travaux à prévoir, » vous avez délibérément forcé le trait, jusqu’à la caricature.

Cheminement piétons vers Kerojonc 5000 € et presque 500 K€ (338+90) du côté du Grand Célac. Il faut être sérieux.

D’abord, pour le quartier de Kerojonc, prévu en habitat au PLU, l’OAP (Orientation d’Aménagement et de Programmation) indiquait un cheminement piétons/vélos en voie séparée à l’intérieur du lotissement et pas sur la route. Le marquage au sol est évidemment insuffisant, et même conforté par des plots métalliques, il ne peut constituer une solution pérenne. A réaliser ! et cela coûtera sans doute plus que le 5000 € annoncés. Vous donnez une estimation à 250 K€ pour un giratoire, soit, mais cela inclut-il des acquisitions foncières qui passeront sans doute par des expropriations ?

Pour la sécurisation vers le Grand Célac, vous n’avez pas mégoté ! 388 K€ pour contourner l’Asphodèle ? Reconnaissons qu’il y a un passage délicat entre la rue des Ecureuils et le fond de la vallée. Mais rien qui permette d’aller à une somme pareille. Quant au trajet entre la passerelle et le cimetière, vous avez aussi forcé la note ! Ni le comité urbanisme ni le conseil municipal n’ont eu les informations techniques qui pourraient donner un peu de crédibilité à ces chiffres mirobolants.

Mais surtout, le projet que nous avions élaboré visait à sécuriser la circulation en direction des lotissements existants ou en cours de réalisation et pas seulement l’accès au cimetière.

D’ailleurs, le PLU intercommunal doit mettre l’accent sur les cheminements doux : vous avez sûrement prévu des emplacements réservés qui permettront leur réalisation vers ces zones d’habitat.

Les chiffres que vous donnez pour l’acquisition des terrains sont aussi contestables. Vous inscrivez 64 K€ pour les terrains du Grand Célac, qui sont classés Nl au PLU et inscrits en emplacement réservé. Nous avons déjà acquis 2 ha au prix de 2300 Euros l’hectare. Peut-on croire qu’il faille aujourd’hui 64 000 euros pour acheter les quelque 3 ha restants ?

Pour le terrain de Kerojonc (classé 1Au, constructible), vous donnez le chiffre de 300K€, qui est celui de la promesse unilatérale de vente consentie par les consorts Le Maître, mais n’y a-t-il pas dans l’accord une clause qui lie cette promesse de vente à la réalisation d’habitats dans le cadre du projet de ZAC que nous avions lancé ?

Et puis, s’agissant de ce terrain, dédié à l’habitat, il faudrait aussi chiffrer le manque à gagner pour la commune  : 2 ha constructibles, cela fait 40 logements neufs qui généreront des recettes de Taxe d’aménagement liées aux permis de construire. À 2000 euros par logement, on peut attendre une recette de 80 000 euros. Sans compter les contributions annuelles.

Enfin, il faut rappeler que les habitants éventuels de Kerojonc feront leurs courses en ville, que leurs enfants fréquenteront les écoles, les collèges, le lycée, qu’ils utiliseront les services proposés par notre petite ville. Respectons nos défunts, mais facilitons la vie pour les vivants.

Publié le mercredi 27 septembre 2017, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Vous utilisez des mots bien doux...Moi, j’appelle cela un gros mensonge.
    Mais apparemment, il s’agit d’une habitude qui est prise maintenant : les Festives Halles, qui n’attiraient plus, ou la promesse de ne pas augmenter les impôts locaux sont les derniers exemples qui me reviennent en mémoire.
    Pour cette question du cimetière, votre démonstration est claire, factuelle et honnête. J’ai comme l’impression que l’on a affaire à un caprice. Comme un enfant qui modifie les règles d’un jeu de société pour gagner ou qui ment pour obtenir ce qu’il veut, sans se rendre compte que personne n’est dupe.

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