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Restaurer l’étang de Célac

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Malheureusement, l’envasement le menace : à l’arrivée du ruisseau, les sédiments accumulés sont à fleur d’eau en hiver. A l’étiage, les canards traversent à pied sec. D’autre part, comme beaucoup d’autres étangs (le Moulin Neuf, par exemple), les cyanobactéries – les algues bleues – se développent fâcheusement à la belle saison, du fait de l’abondance d’azote et de phosphore. Il est donc important de rechercher des solutions, sauf à laisser faire les choses et renoncer assez rapidement au charme de cet endroit apprécié de tous. Nous avions commencé à y réfléchir et commandé à l’agence Interfaces et gradients une étude dont le rapport final avait été remis en avril 2013. De façon à être prêts pour passer à l’action en 2014.

L’histoire (récente) de l’étang de Célac

Dans les années 60, l’étang du Moulin s’est réduit à moins d’un demi-hectare. Avec la création du camping municipal, la municipalité décide de recreuser l’étang pour en faire un plan d’eau récréatif d’environ deux hectares. A cette époque, les pêcheurs ont demandé que le ruisseau soit séparé de l’étang pour préserver la qualité de l’eau et la richesse piscicole.

En 1989, sous l’impulsion d’Alain Enard, adjoint en charge du tourisme, une promenade sablée est aménagée, et le tour de l’étang devient un lieu apprécié des Questembertois, d’autant que la commune a cédé le bâtiment du moulin à un particulier qui en fait un restaurant. Malheureusement, le ruisseau apporte des sédiments qui peu à peu vont envaser le plan d’eau. En 1996, il est nécessaire de curer l’étang. Grosse opération de pompage des boues qui sont refoulées sur une parcelle en amont du Pont-à-Tan. Moins de vingt ans après, il est grand temps d’agir !

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Vers la queue de l’étang, la vase à fleur d’eau

Curage complet des vases ?

L’étude a évalué le volume de vases à traiter : 18000 m3, 15000 si on procède à l’assèchement partiel ! Impossible aujourd’hui de réitérer l’opération sur le même modèle qu’en 1996 : la protection des milieux aquatiques et des zones humides s’est considérablement durcie. Et c’est tant mieux. Si l’on veut procéder au curage complet, il faut exporter les boues : pour les déposer où ? Avec une noria de remorques (750 remorques de 20 m3 !) ? Il faut alors prévoir une dépense de 450 000 euros HT ! Pour un résultat qui de toute façon ne serait pas définitif : les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faudrait avant vingt ans renouveler l’opération. Et rien n’aurait été fait non plus pour réduire les apports en phophore – qui viennent essentiellement de la station d’épuration du Maguéro et qui sont responsables de la prolifération des cyanobactéries.

Redonner sa place au ruisseau

Une autre hypothèse consisterait à déconnecter le ruisseau de l’étang en lui redonnant un lit indépendant en pied de la colline des Buttes. Ainsi, le plan d’eau se remplirait en surverse d’eaux moins chargées en sédiments et en particulier en phosphore. Au lieu d’avoir à exporter les boues de curage, il serait possible de les étaler sur la queue de l’étang actuel pour restaurer une zone humide où seraient plantés des arbres. La surface totale de l’étang serait un peu réduite, mais on aurait ainsi une réponse pérenne, plus écologique et moins coûteuse. (de l’ordre de 150 K€ à 200 K€).

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Schéma sommaire (rapport final de Interfaces et Gradients)

Reste à approfondir la réflexion avec les services de l’Etat, à rechercher des cofinancements, et bien sûr à engager le débat avec tous ceux qui se sont investis dans le projet de Coulée verte.

Réflexion globale sur le bassin versant

Nous ne pouvons pas nous intéresser seulement à l’étang de Célac, ni même à notre « Coulée verte ». Nous avons depuis longtemps proposé un travail sur l’ensemble du bassin versant : le Tohon/Saint-Eloi prend sa source du côté de La Vraie-Croix, il se grossit des ruisseaux secondaires comme celui de Pilaire avant de rejoindre l’étang de Penmur à Muzillac. La gestion du Grand Bassin de l’Oust prend en compte l’Arz et ses affluents ; nous avions mis en place le syndicat du Trévelo ; nous avons tenté la même démarche pour le Tohon/Saint-Eloi sans réussir à persuader nos voisins du sud. La loi de modernisation de l’action publique territoriale (janvier 2014) confie aux communes et à leurs communautés la Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) : il va bien falloir s’y atteler.

Publié le lundi 26 janvier 2015, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Etang de Célac : restaurer la « continuité écologique »

    – > Une autre lecture des données et des solutions retenues
    par Henri Guilbaud, co-président de l’Association des Moulins et Riverains du Morbihan, adhérente à la FFAM (Fédération Nationale)

    Restaurer la « continuité écologique », c’est une obligation, ….fondée sur les exigences de qualité de l’eau »...
    En effet, … avec quelques nuances !

    Un plan national de restauration de la continuité écologique, décliné dans chaque bassin versant, prescrit à tout propriétaire d’un ouvrage hydraulique (seuil, barrage...) d’effacer ou d’aménager cet ouvrage déclaré à priori « obstacle prioritaire » à la circulation des poissons migrateurs et au transit des sédiments .
    Cette restauration de la « continuité écologique » est censée traduire une directive cadre européenne (2000) qui prescrit à chaque état de reconquérir le « bon état écologique » de ses eaux ( = qualité biologique et physico-chimique des eaux … et seulement en dernier ressort la qualité morphologique.
    La France trahit cette directive en privilégiant la reconquête de la morphologie des cours d’eau sensée permettre la circulation piscicole et le transit sédimentaire... au lieu de s’attaquer en priorité aux diverses formes de pollution responsables de la mauvaise qualité des eaux et donc de la vie piscicole et de la biodiversité...

    L’étang de Célac s’envase
    « à l’arrivée du ruisseau, les sédiments accumulés sont à fleur d’eau en hiver [...]. D’autre part, comme beaucoup d’autres étangs (le Moulin Neuf, par exemple), les cyanobactéries – les algues bleues – se développent fâcheusement à la belle saison, du fait de l’abondance d’azote et de phosphore. Il est donc important de rechercher des solutions »

    1- Sur l’enlisement du Tohon, l’envasement de l’étang de Célac et le risque d’atterrissage/ fermeture...,
    Faut-il rappeler que ce qu’on appelle l’étang, transformé dans les années 60 - vous le rappelez- en plan d’eau, était antérieurement une retenue d’eau créée artificiellement pour actionner un moulin à eau, produisant de la farine, et cela depuis plusieurs siècles. Cette retenue, gérée par les meuniers en conformité avec leur statut juridique comportant des droits et obligations , notamment l’obligation d’entretenir les vannages en état de fonctionnement et donc à la fois d’utiliser le potentiel hydraulique de l’aménagement et d’assurer le délestage au moment des crues. Ces deux fonctions ( usage du potentiel hydraulique et délestage) permettaient tout à la fois d’assurer la circulation piscicole, d’évacuer les sédiments, d’éviter la stagnation de l’eau (et le risque d’eutrophisation - augmentation de la concentration d’azote et de phosphore -) ... Mais ce risque n’existait pas à ce moment !).
    Les aménagements hydrauliques des siècles passés, bien qu’artificiels, étaient « écologiques » avant l’existence du terme car ils prenaient en compte les diverses fonctions des cours d’eau et usages de l’eau. Les diverses espèces piscicoles (dont les espèces migratrices) étaient abondantes, franchissaient les ouvrages hydrauliques ( de faible hauteur et aménagés avec des bras de contournement) pour remonter les rivières , frayer en tête de bassin et se reproduire...

    2- Les sédiments qui encombrent actuellement le lit des rivières (comme la retenue de Célac) étaient beaucoup moins abondants, car l’érosion , même en cas de pluies importantes était contenue en amont par les haies et talus. Les terrains en pente en bordure des rivières étaient des prairies naturelles, non retournées, fauchées tardivement et pâturées en fin de saison . Identifier la cause de l’abondance de sédiments est déjà une partie de la réponse « durable ».
    En amont ...il y a un problème de gestion globale et durable du fond de vallée.
    Cette gestion doit impliquer d’abord le lit majeur du Tohon en amont de la retenue de Célac : par ex. des aménagements (haies, talus) , des pratiques anti-érosives ( pas de cultures avec retournement régulier du sol sur les terrains en pente longeant le cours d’eau) , maintien (ou retour) à une gestion d’herbages (prairies naturelles constantes), sans polluants (engrais minéraux ou épandage de lisier (azote) excessifs. (* voir en note problème des cyanobactéries)...
    Sur cette question, je renvoie à une publication très éclairante  : « Modifications physiques et pollutions dégradent les rivières bretonnes » http://www.eaubretagne.fr/Pollution...;

    3- Les barrages de moulins qui ne dépassaient pas 2 mètres en plaine avaient en outre - et ont toujours, s’ils sont gérés - en plus des talus boisés, une fonction de régulation des crues. Ils sont des ralentisseurs et uniformisateurs de l’écoulement. A l’échelle d’un bassin versant, ralentir les écoulements sur les versants, via les haies, talus ... et les ouvrages hydrauliques, est reconnu comme une mesure permettant d’allonger le cheminement de l’eau vers les nappes et les cours d’eau, de limiter les risques d’érosion et de pollution qui atteignent les eaux superficielles et souterraines. Cela permet l’accroissement des échanges latéraux dues à l’élévation de la colonne d’eau, l’élévation de l’hydromorphie des terrains latéraux et l’extension des zones humides. Ils permettaient de faire jouer aux zones humides toutes leurs fonctions.

    4- les zones humides à alimentation essentiellement alluviale participent à la régulation des débits de crue et d’étiage, elles améliorent la qualité de l’eau en interceptant les eaux de ruissellement polluées (nitrates, phosphates, métaux lourds, produits phytosanitaires…) avant qu’elles ne parviennent aux cours d’eau, aux nappes, … à la mer. Elles sont source de biodiversité car les peuplements animaux et végétaux les plus rares sont étroitement inféodés aux secteurs les plus bas topographiquement, régulièrement, voire en permanence inondés. Lorsque ces zones sont situées dans la courbe de remous des ouvrages transversaux, le maintien de niveaux d’eau élevés paraît indispensable pour la conservation des végétations hydrophiles notamment favorables aux amphibiens les plus rares...

    — > De ces remarques découlent logiquement quelques conséquences :
    En amont ...il y a un problème de gestion globale et durable du fond de vallée .
    a/- cette gestion doit impliquer d’abord le lit majeur du Tohon en amont de la retenue de Célac : par ex. des aménagements (haies, talus) , des pratiques anti-érosives ( pas de cultures avec retournement régulier du sol sur les terrains en pente longeant le cours d’eau) , donc maintien ou retour à une gestion d’herbages (prairies naturelles constantes), sans polluants (engrais minéraux ou épandage de lisier (* voir en note problème des cyanobactéries)...

    b- elle implique ensuite une gestion de la retenue proprement dite
    Les boues accumulées, si elles ne peuvent être évacuées naturellement et ponctuellement lors des crues par une ouverture opportune des vannes et donc un délestage momentané, nécessiteraient peut-être un retour à un fonctionnement « durable » permis par la gestion du lit majeur en amont et par un vannage opérationnel. 

    c- une gestion globale à ces deux niveaux - qui a certes un coût significatif... et appelle à une prise de conscience de bon nombre d’acteurs - devrait régler en grande partie le risque de fermeture du milieu.

    d- le fait que cette retenue d’eau n’a plus actuellement la fonction économique d’actionner un moulin, ne lui retire pas la possibilité d’un autre usage économique lié précisément à l’aménagement toujours existant, celui d’une production d’hydro-électricité compatible avec la « continuité écologique ». Les collectivités ont normalement l’obligation de rechercher des solutions de production d’énergie en accord avec la transition écologique (grande absente de ce débat.

    Merci de votre attention
    Henri Guilbaud
    ___
    (*) problème des cyanobactéries et de l’eutrophisation :
    la présence de cyanobactéries dans la retenue de Célac est à analyser en lien avec la provenance des eaux du bassin versant situé en amont. Si l’on retient que la présence de cyanobactéries dans l’eau d’un cours d’eau est liée à la présence simultanée de deux éléments majeurs ( nitrates (azote) et phosphates), il est nécessaire de s’interroger sur l’origine de ces deux éléments à cet endroit. On sait que les nitrates et phosphates présents dans l’eau proviennent notamment d’un excès d’engrais minéraux NPK) épandues sur les cultures, non absorbées par les plantes, et entraînées par l’érosion dans les cours d’eau en aval.. L’étang de Célac est également alimenté par la station d’épuration qui n’est pas équipée pour traiter correctement les phosphates résiduelles des eaux usées qui y sont envoyées...
    Il n’est donc pas surprenant de retrouver dans les eaux de Célac l’effet cocktail (nitrates/ phosphates) produisant l’eutrophisation , et seules des mesures préventives en amont sont de nature à régler ce problème de pollution.( l’enlèvement des boues de l’étang ne réglerait pas davantage (en effet), ce problème.

    (*) Ces remarques (pour l’essentiel) ont déjà été transmises aux autorités locales lors de l’étude sur la « coulée verte », lors de la prescription de travaux sur la retenue du moulin Glo, lors de l’enquête préalable PLUI.

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