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Super U, retour sur un débat

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La Commission Départementale d’Aménagement Commercial a donc refusé le projet d’implantation d’un Super U à Questembert. Quelques uns s’en sont réjouis, d’autres, les plus nombreux, j’en suis sûr, ont compris que c’était un mauvais coup pour les consommateurs, pour l’emploi, pour le développement de Questembert et pour le commerce existant.

Un vrai débat au conseil municipal

Le conseil municipal a débattu pendant près de 2 heures après la présentation du dossier par René Luherne, vice-président de la Communauté de Communes. Le dossier déposé par les promoteurs du projet était à la disposition des élus pour une étude approfondie avant la réunion du conseil. Il permettait de voir l’ambition du projet avec le magasin principal de 2700 m², le chronodrive, le magasin bio de 200 m² et le magasin de sport (400 m²). Outre la station service à l’Est reliée par un giratoire à la charge du promoteur, le schéma prévoit l’installation de la CECAB qui cherche à moderniser et surtout à regrouper ses deux activités (jardinerie grand public et agrofournitures).

Le public nombreux a suivi les débats en silence, comme il est de règle dans les séances du conseil municipal. Tous les conseillers ont pu s’exprimer comme ils le souhaitaient. Les échanges ont été courtois même si les points de vue étaient bien tranchés. Le vote à bulletins secrets a défini une position majoritaire en faveur du projet. Et cette majorité est en conformité avec ce que pensent la plupart des Questembertois.
Il faut noter que ce vote n’était qu’indicatif : en CDAC, chaque membre doit s’exprimer à titre personnel, même s’il est le représentant d’un conseil municipal ! Cependant, on verrait mal un maire ou un président de communauté soutenir une position divergente de la majorité de son conseil.
Mais il est intéressant de faire le point sur les multiples facettes de ce dossier complexe.

« Une chance pour le développement »

La première fois qu’a été évoquée l’hypothèse d’une troisième grande surface à Questembert, c’était dans une réunion sur le PLU, il y a bientôt dix ans. Premier à s’exprimer dans le tour de table, Michel Burban, conseiller municipal à l’époque, affirme d’emblée que ce sera une « chance pour le développement de Questembert », une des ses colistières, membre de la commission, a renchéri en disant : « Comme ça, on n’aura plus besoin d’aller à Vannes ». La perspective des élections cantonales de 2004 a provoqué la conversion de M. Burban, il y avait sans doute là une clientèle électorale à cajoler. Et de fait, il a constamment lutté contre le projet.

Le calcul politique était bien vu, car c’est au maire de Questembert qu’on reproche d’avoir refusé Leclerc ! Cette croyance est répandue jusqu’à Vannes, comme le montre la réaction entendue dans une brasserie : « Vous êtes de Questembert, c’est pas mal comme petite ville, mais le maire, il est c... il a refusé un Leclerc ».

Ne vous étonnez donc pas que, cette fois encore, le représentant du Conseil Général ait contribué par son abstention (quel courage !) à bloquer le projet.

« Une bonne idée, mais dans 5 ans »

Un commerçant influent disait à l’époque : « Non c’est trop tôt, mais dans 5 ou 6 ans, avec le développement de la ville. » Il ne dit plus ça aujourd’hui, il a vendu son magasin et a pris sa retraite dans une plus grande ville. Un autre, grand manitou de la grande distribution, a bataillé de toutes ses forces pour bloquer tout changement ; il a fait la même chose, il a vendu au prix fort son affaire et a quitté la ville. Une histoire moins comique que le film de Woody Allen, Prends l’oseille et tire-toi.

Dans le journal Ouest-France du 24 mars 2007, le président de l’UDEQ, en grand visionnaire, disait, à propos du projet Leclerc rejeté en CNEC (Commission Nationale d’Equipement Commercial) : « Nous avions dit oui à son projet dans le schéma commercial mais en n’ouvrant le dossier qu’en 2010 ou 2012. » Le président de l’UDEQ est toujours le même, et il nous explique qu’il n’est pas encore temps...

Evasion commerciale

L’évasion commerciale, qu’est-ce que c’est ? L’expression désigne les dépenses que font les habitants d’un secteur en dehors de leur territoire. Evidemment, l’évasion commerciale, il n’y en a pas ! Enfin très peu, si l’on en croit ceux qui dominent le marché local. Du temps où les dossiers de CDEC imposaient des études économiques, les projets Leclerc, mais aussi les projets d’extension de Carrefour (Champion) soulignaient l’importance de l’évasion commerciale, et tous expliquaient qu’ils allaient avec leur projet capter une bonne part de cette évasion. Le dossier Leclerc l’évaluait à plus de 30% pour l’alimentaire et à plus de 42% pour le reste... Des chiffres qu’on retrouvait dans les dossiers de Champion et d’Intermarché.

Dans le Journal des entreprises de janvier 2012 (voir fichier pdf annexé), on peut lire :

"Marc Pallon [Intermarché] lui, va se retrouver en concurrence frontale avec
le projet d’Atlantheix. L’entrepreneur adhérent du groupement
Intermarché pilote trois points de
vente : à Séné (25,8 millions d’euros de chiffre d’affaires), Surzur
(7,5 millions de chiffre d’affaires)
et Questembert (20,8 millions
d’euros de chiffre d’affaires). Des
secteurs qui deviennent « compliqués, » remarque Marc Pallon.
"À 15 kilomètres à la ronde
autour de mon magasin de Questembert, il y a bien 10.000 m2 de
surface alimentaire. À Questembert, avec 2.700 m2 de surface,
nous rencontrons des difficultés à
atteindre un chiffre de croisière,
le taux d’évasion est important."

Marché théorique, chiffre d’affaires potentiel

Parler d’évasion commerciale impose de donner quelques chiffres. Avec des batteries de statistiques, les études définissent un marché théorique potentiel sur la zone de chalandise, à l’intérieur donc du périmètre où le magasin attire des clients. Ce marché théorique dépasse les 160 millions d’euros, dont aujourd’hui, les deux supermarchés présents prélèvent à eux deux 30 millions d’euros. Sur le reste, le projet U envisageait un chiffre d’affaires prévisionnel de 13 millions d’euros. Il en reste encore, n’est-ce pas ?

Grande distribution, petit commerce

Les adversaires du projet Super U agitent la menace que l’ouverture d’une troisième grande surface mettrait en péril le commerce du centre-ville. Quand les deux supermarchés voulaient obtenir une extension de leur surface de vente, ils expliquaient que non, non, non, leur extension en fait allait encore attirer de nouveaux chalands et, au contraire, contribuer au développement global. Et c’était vrai ! Aujourd’hui qu’ils cumulent 5000 m² et 30 millions de chiffres d’affaires, ils veulent agiter l’épouvantail, et se faire les chevaliers blancs du petit commerce. Pourtant, quand Carrrefour a décidé (sans avoir à demander l’autorisation du maire !) d’ouvrir le dimanche matin, les dirigeants ne se sont pas inquiétés du sort de Proxi ou des autres commerces de bouche du centre-ville. Précisons que ce n’était pas une décision des dirigeants locaux.

En retenant à Questembert des consommateurs qui vont ailleurs chercher de meilleurs prix, un troisième supermarché contribuerait à la dynamique locale. Cela se dit communément : « Le commerce attire le commerce. » Et cela se vérifie... dans les deux sens.
Sachant qu’un panier moyen dans un Super U de 2500 m² s’élève à 36 €, le chiffre d’affaires visé (13 millions d’euros) correspond à près de 7000 passages par semaine. Quoi qu’on dise, voilà des clients attirés localement qui viendront grossir le potentiel du commerce local.

Et l’emploi ?

Le deuxième épouvantail, c’est la menace sur l’emploi. L’arrivée de la concurrence obligerait les deux autres à supprimer des emplois, ou tout au moins à multiplier les temps partiels. Et ça fait peur ! Mais l’argument n’es pas plus fondé que le risque pour le petit commerce. D’ailleurs, même si, dans un premier temps il y avait une petite baisse de chiffre d’affaires, serait-il possible de réduire le nombre de salariés : pour 20 millions d’euros de CA, il suffit de 48 salariés à Questembert, il en faut 96 au Poulfanc pour 26 millions de CA. Même en tenant compte d’ajustements ici ou là, 40 emplois supplémentaires, c’est bon à prendre.

L’intérêt des consommateurs

L’abstention du représentant des consommateurs à la CDAC est tout à fait surprenante. Les Questembertois le savent : les prix sont plus élevés dans les supermarchés de Questembert que partout autour. Le surcoût est de l’ordre de 3%, sans même aller voir du côté des hypermarchés de l’ouest vannetais. C’est là qu’il faut probablement chercher la cause principale de l’évasion commerciale. Alors qui peut expliquer l’abstention du représentant des consommateurs ? Il faudrait sans doute interroger les différentes associations de consommateurs, elles ne semblent pas avoir trouvé sur notre territoire les interlocuteurs pertinents.

Publié le mercredi 12 décembre 2012, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Monsieur,

    Je reste très surpris de lire votre article. Vendredi dernier lors d’une rencontre dans vos locaux vous déploriez le manque de discussion et les phrases lancées selon vous sans fondement. Nous pensions alors d’une table ronde serait rapidement à envisager pour débattre de différents sujets dont le projet Super U.
    Aujourd’hui vous relancez de l’huile sur le feu, POURQUOI, que cherchez vous à démontrer ?

    Anthony JUHEL, UDEQ

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  • Monsieur le maire,

    J’ai bien noté votre point de vue, je pense qu’il mérite d’être d’être débattu avec tous les acteurs concernés par ce projet, a savoir les commercants, les habitants et les salariés.
    Dans tous ce que j’ai lu de vous, vous parler aux commercants, des habitants, mais à aucun moment vous ne vous êtes adressé aus salariés, j’éspère que ce n’est pas par mépris envers eux. Les inquiétudes et craintes des salariés sont réelles et justifiés, quand on voit les éffets destructeurs que peut avoir la concurrence aujourd’hui, je peux en témoigner par rapport à mon activité professionnelle (industrie), et ce que j’ai lu sur les ambitions d’implantation de l’enseigne super U n’est pas fait pour rassurer.
    Aussi je ne comprends pas le titre retour sur un débat, un débat avec qui ?
    Cordialement

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    • Retour sur un débat, pourquoi ce titre ? Parce qu’en effet, après la décision de la CDAC, le débat est clos à notre niveau. Comme vous l’avez peut-être remarqué, je ne m’étais pas beaucoup exprimé publiquement à titre personnel. J’avais permis qu’il y ait dans le bulletin municipal, 4 pages préparées par le comité agenda 21 pour que les arguments soient mis sur la table. Il y a eu aussi le débat au conseil municipal, et, si vous y avez assisté, vous avez remarqué que je n’ai pas beaucoup parlé et que si on avait mesuré le temps de parole, les opposants se sont exprimés bien plus que les pour.

      Vous dites que je semble oublier les « salariés ». Non, parce que les salariés sont d’abord dans le cas particulier des ménages qui avec leur salaire doivent assurer les dépenses de la vie quotidienne. Et le surcoût moyen de 3 % a un impact direct sur leur pouvoir d’achat. Quant aux salariés des grandes enseignes locales, qui ont manifesté, demandez-leur s’ils l’ont fait volontairement, de leur propre initiative.

      Vous parlez des risques de la concurrence ? Oui, mais quand il n’y pas (assez) de concurrence, ceux qui sont en place font les prix comme ils veulent.

      Et puisqu’on parle de salariés, n’oubliez pas non plus les quarante emplois, que prévoyait le projet super u.

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    • Bonjour monsieur le maire

      Je suis salarié de grande surface et je vous assure que personne nous a forcé à manifester contre le projet .Chacun était libre d ’ intervenir ou pas .....

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    • Monsieur,

      Je crois que vous continuez de prendre les salariés pour des moutons qui se sont déplacés dans la rue à la demande de leur patron. c’est faux, ma concubine est salarié et elle a été moteur dans l’opposition au projet du super U pour la sauvegarde de son emploi. Je l’ai aussi soutenu en manifaistant avec elle, avec aussi des amis qui l’ont soutenu.
      Je confirme que vous méprisez les salariés en tant qu’individus en pensant qu’ils ont été influencé dans leurs idées par d’autres.
      Je peux aussi vous demander quelles sont vos connaissances en matière d’économie pour vous engagez sur les rapports chiffres d’affaires/salariés et faire des comparatifs entre des magasins dont je crois vous n’avancez pas les bonnes données.
      Pour faire une comparaison sérieuse, il faut le faire entre des communes équivalentes en terme de population, de commerce....
      Vous avez aussi parlez d’un magasin de sport, quel enseigne ? un magasin bio, lequel ?
      Que voulez vous dire lorsque vous dites « il faudra se souvenir de ceux qui ont empêché ce projet », ces pesonnes ont voulu s’exprimer et c’est la démocratie, le droit à la parole . Les habitants d’une commune ne sont pas que des consommateurs, ils sont aussi des acteurs.
      Il n’y a pas qu’une pensée unique. On peut aussi s’opposer sans faire de politique, je trouve que vous en parlez de trop.

      Je reviendrai sur la toile !
      Cordialement.

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    • Pourquoi en faire 4 pages !!! il suffit simplement de revenir sur les emplois ; vous dites 40 emplois avec le Super U ... ;combien de CDD où CDI allez-vous faire disparaitrent ???il y a 2 grandes surfaces, ok , mais les portes-monnaie de vos concitoyens ne sont pas extensibles !
      Pourquoi avez-vous refusez les années passées des entreprises sur notre commune ?....elles sont parties et pas loin , à Muzillac et à Elven !!! Ce que réclame « le peuple » de Questembert : magasin de vetements ,de chaussures, de sports,un centre médical .....et j’en passe...........
      Je suis dans 1 des 2 magasins que vous critiquez suite à notre action ( oui j’ en faisais partie en tete ! et j’ étais aussi là le 26 au soir ....)mais nous voyons une seule chose , nos emplois.... ! nous sommes pour la plupart sur la commune et nous y payons nos impots (sans cesse en augmentation)et nous avons aussi un droit celui de nous défendre, nous sommes en démocratie et comme vous le dites dans le bulletin municipal : nous saurons nous en souvenir ....
      cordialement

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  • Avec les salaires qu’on touche ici,on a besoin de prix Les salariés sont obliger d’aller à Vannes ou à saint nicolas de Redon.
    M.Juhel qui met de l’huile sur le feu ? on entend des droles de choses en ville ; alors je ne crois pas que le maire met de l’huile sur le feu. On voit bien ce qui se passe.

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    • Monsieur ou Madame Arpette, cela est peut être votre nom mais je ne vous connais pas.
      Merci de vous identifier cela facilitera le débat, si nous nous rencontrons.
      Peut être les salaires sont bas sur notre territoire, mais pensez vous qu’ils soient plus élevés à Vannes ?
      Oui beaucoup de propos sont tenus dans les rues et commerces de Questembert, mais pourquoi ? Cela est il voulu ? Sans début officiel tout peut être dit
      Je sens que de votre côté un pro Leclerc quand vous parlez de Vannes et Saint Nicolas.
      Tous vous jouez avec des chiffres disant que l’alimentaire sur Questembert est 3 % plus cher, donnez nous les preuves précises ?
      Ne pensez vous pas prendre les consommateurs pour des personnes stupides ? Ces derniers auraient l’intelligence de prendre leurs voitures, d’y mettre du carburant, de l’user pour gagner 2 ou 3 euros sur un chariot de courses alimentaire... Cela me laisse perplexe !
      oui il manque des commerçants à questembert, oui des élus assistent à des salons de la franchise et des entrepreneurs pour attirer des entreprises sur notre territoire et là je les félicite mais allons plus loin, mettons nous enfin autour d’une table et arrêtons de penser qu’une nouvelle grande surface alimentaire sera la solution pour Questembert.
      Je pense simplement que la discussion est la meilleure des solutions.
      Beaucoup me disent de ne pas répondre à tout ce qui peut être dit à gauche et à droite mais tant que Monsieur Le Maire et Monsieur Le Président de la Communauté de communes ne prendra pas son téléphone pour inviter les acteurs économiques (entreprises, consommateurs, salaries...) nous pourrons continuer à nous répondre dans ce blog...
      Bonnes fêtes de fin d’années à tous et tournons la page 2012 pour une année 2013 nouvelle
      Anthony Juhel

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  • Ne focalisez vous pas trop sur l’alimentaire ?
    Il est probable que l’évasion est due en partie aux équipements de la personne (vêtements, chaussures, etc ...) et de la maison.
    Croyez vous que les consommateurs qui se déplacent sur vannes ou muzillac se dirigent vers un unique et seul magasin ?

    Ignorez-vous que le groupe Beaumanoir détient plusieurs marques (Cache-cache, bonobo, scottage etc ...
    N’y a-t-il pas pas un agent qui travaille pour eux sur questembert/muzillac ?
    N’avez vous pas vu comment ils se sont installés dans le centre ville d’auray ? 3-4 magasins qualitatifs en une seule année du même groupe. Muzillac l’a fait en périphérie mais est-ce judicieux ?

    Le carrefour market n’a-t-il pas largement assez d’espace de parking pour construire une galerie qualitative à côté de groupama pour créer du flux et de l’offre commerciale ?

    le flux n’est-ce pas un des fondamentaux du commerce avec le parking ?

    La rue Alain le grand est devenu un désert, c’est sur que 50 cm de trottoir et un flux de voiture à une vitesse incontrôlée ça attire le piéton

    Bref, n’y a-t-il des alternatives ?

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  • Super U, retour sur un débat

    A Monsieur le Maire,

    La CDAC a donc refusé le projet d’implantation d’un Super U à Questembert.

    Citoyens non élus du Comité Agenda 21 de la Commune, nous souhaitons, nous aussi, un retour sur le débat qui a précédé … et qui suit cette décision :
    Nous n’évoquerons pas tous les propos que vous reprenez ou prêtez à l’ensemble des opposants au projet. Il nous suffit de faire référence aux positions que nous avons toujours soutenues
    Notre propos n’est pas politique, il n’est pas de nous opposer, il est de pointer des incohérences, de relever une argumentation qui sur de nombreux points nous paraît fragile ou peu crédible, ... et de proposer des alternatives. En cela, il nous suffit de faire référence aux positions que nous avons toujours soutenues.

    Dans la:ligne de votre programme électoral des dernières élections municipales, vous avez mis en avant une volonté de promouvoir sur le territoire de la Commune les axes d’un développement soutenable, c’est à dire permettant de concilier économique, social et environnemental...
    Vous avez, dans ce sens, créé un poste d’adjoint « chargé du développement durable ».
    Vous avez reconduit un « comité agenda 21 » composé d’élus et de non-élus qui, opportunément, compte tenu de sa mission même, a travaillé sur la cohérence entre des projets d’action à mener sur le territoire et la logique du développement durable.
    Vous avez, à l’unanimité, adopté en Conseil Municipal un Agenda 21 qui s’est fixé un programme d’actions à mener en vue de tenter de concilier précisément les trois axes du DD
    Vous vous flattez, à l’occasion, de tout cela, et pour tout cela, nous vous avons soutenu … aussi longtemps que vos options nous ont semblé en « cohérence » !

    Très logiquement le Comité A 21 a souhaité mener une réflexion sur la « cohérence » entre le projet d’implantation d’un nouveau supermarché sur le territoire … et le DD.
    Il a essayé d’organiser sur cette question un vrai débat notamment en préparant un document énumérant un certain nombre d’arguments pour et contre devant permettre aux citoyens de Questembert de se faire une opinion éclairée.
    Il nous semble que vous auriez pu, en préalable à la délibération du Conseil, soit donner la parole à l’un des porte-paroles du comité A 21, soit, dans vos propos ou ceux du porte-parole de la Communauté de Communes, prendre en charge les arguments pour et contre, donnant ainsi quelque utilité au travail de ce comité, et quelque justificatif à la concertation...
    Au lieu de quoi vous avez - et continuez de le faire - mis en avant exclusivement les arguments qui soutiennent votre thèse, thèse qui privilégie une démarche de développement à court terme bien peu cohérente avec les engagements de votre mandature rappelés plus haut et repris dans le programme Agenda 21.
    Faute d’avoir pris en compte vous-mêmes les contre-arguments à la position unilatérale que vous avez développée, permettez-nous de saisir cette tribune pour en formuler quelques uns...

    Le refus du projet en CDAC, dites-vous : « un mauvais coup pour les consommateurs, pour l’emploi, pour le développement de Questembert et pour le commerce existant ».
    Ce n’est pas nous qui vous reprocherons de vous préoccuper du pouvoir d’achat des consommateurs, de l’emploi, du développement de Questembert...
    Encore faut-il préciser l’angle d’intervention que vous retenez dans la mise en œuvre de ces objectifs. Encore peut-on se demander si les moyens que vous privilégiez : le soutien à un projet commercial, qui plus est à un projet – pas neutre du tout – porté par une enseigne de Grande Distribution, plus encore en prenant à partie les autres acteurs du commerce local... relèvent bien d’un positionnement indiscutable.
    Vous aimez bien citer dans vos propos les points de vue qui étayent le vôtre. En voici un autre que nous entendons aussi : « Mais qu’est-ce qu’il a le Maire à s’engager autant pour soutenir ce Super U... et la Grande Distribution,... comme avant pour Leclerc ! ..Il y a bien assez de magasins comme çà à Questembert ! »

    Vous affirmez (sur la base de quelles sources ?) :
    que les prix pratiqués par les grandes surfaces de Questembert sont en moyenne 3% plus élevés que partout ailleurs, sans parler des Hypers de Vannes et Redon, …
    que l’ Intermarché Questembert est plus cher que l’ Intermarché Pompidou, …
    que c’est là qu’il faut probablement chercher la cause principale de l’évasion commerciale, ..
    qu’amener de la concurrence c’est redonner du pouvoir d’achat aux habitants... »

    Ce sont là des remarques factuelles en partie fondées, mais aussi des conclusions hâtives, sinon téméraires, car elles ont d’autres explications.
    Les personnes un peu informées des pratiques commerciales savent bien que les très grandes surfaces (Hypermarchés), surtout implantées dans des zones de chalandise à forte concentration de clients potentiels peuvent se permettre - grâce à des économies de logistique, grâce au nombre de produits référencés, et donc à l’importance de l’offre, grâce aux pressions accrues sur les fournisseurs... .- réduire leurs marges, donc leurs prix, et attirer plus de clients, tout en augmentant leur chiffre d’affaires.

    L’implantation d’une nouvelle enseigne de grande distribution (en l’occurrence Super U) aurait permis, dites-vous, tout à la fois d’instaurer plus de concurrence, donc de faire baisser les prix, donc de redonner du pouvoir d’achat aux Questembertois... et donc de rapatrier ceux qui s’évadent, commercialement parlant, vers Vannes.
    C’est là un raisonnement apparemment vertueux,.. mais un pari bien risqué. Celui, peut-être, qu’a fait le porteur du projet Super U. Mais fallait-il vous associer à ce raisonnement et à ce pari ? C’est là en effet une démarche à risques multiples que vous ne semblez pas véritablement entrevoir et donc assumer. A marteler, comme vous le faites, les mêmes arguments récurrents, vous ne leur donnez pas plus de crédibilité.
    L’enseigne Super U, et elle n’est pas la seule, la presse s’en fait régulièrement l’écho, veut augmenter son emprise sur le marché. Comme le marché est moyennement extensible, surtout en ces temps de crise, il s’agit de prendre des parts de marché aux concurrents, le marché des autres grandes enseignes de la GD, mais aussi celui du petit commerce indépendant. C’est là une histoire bien connue depuis plus de quarante ans.
    Comme pour toutes les enseignes, l’objectif final, c’est quoi, sinon d’augmenter leur chiffre d’affaires... et donc leur profit... non pas en partenariat avec, mais sur le dos de...
    Rien que de très trivial dans tout cela. En quoi cela vous oblige-t-il à prendre fait et cause pour un tel projet de manière aussi partiale ?

    Nous avions cru comprendre que la réflexion menée il y a quelques années à l’échelle de la Communauté de Communes sur l’avenir du territoire avait amené, en tenant compte de la nature du territoire, de l’évolution générale des activités porteuses d’avenir et donc d’emploi, et tout en étant compatibles avec les principes du développement durable... à privilégier non pas le commerce, mais l’artisanat, les services et notamment les services à la personne, et, en lien avec ces axes, à encourager l’orientation et la formation professionnelles dans ces directions.
    Vous rappelez habilement dans l’éditorial du bulletin municipal de décembre que vous avez approuvé l’agenda 21 engageant à « privilégier les circuits courts » (Vous revendiquez même la mise en place d’un marché de producteurs !),.
    Le PLU de 2005, comme le suivant resté en plan, comme tous les PLU... disent bien qu’il faut inscrire toutes les perspectives de développement (classement des parcelles, constructibilité, aménagement urbain... dans un plan, (c’est à dire une perspective) d’Aménagement et de Développement Durable (PADD)...
    Ces options là, que nous n’avons cessé d’encourager, nous n’avons jamais dit que c’était facile de les mettre en œuvre, et nous ne cédons pas plus à l’invraisemblance de certains arguments de la minorité municipale qui préconisent de faire venir de fortes et improbables entités industrielles !
    Ces suggestions auraient pu vous inspirer d’autres commentaires que les amabilités coutumières dont vous ne savez vous retenir et que vous réservez aux uns et aux autres. Pour ce qui nous concerne, nous avons encore droit - dans votre dernier éditorial entre autres - à des propos récurrents qui vous tiennent lieu d’arguments. Ainsi des « nobles idéaux, séduisants mais qui ne résistent pas aux questions ordinaires de pouvoir d’achat » « opposants au projet [qui] ont tenté de semer le doute, de faire peur sur de fausses bases » « de faire du chantage à l’emploi », et dont « il faudra se souvenir.[pour avoir] empêché ce projet d’intérêt général d’aboutir ».
    Fermez le ban !
    Nous avons le droit de penser et de l’étayer par des données aussi fiables que les vôtres
    que votre raisonnement est partisan, n’est pas cohérent avec vos engagement de faire du développement soutenable, et de surcroît a (aurait eu) peu de chances de tenir ses promesses.

    La zone d’emprise commerciale potentielle d’un nouvelle surface commerciale - de type supermarché, c.’à d. de moins de 3000 m2 à dominante alimentaire, quelle que soit l’enseigne, sur le territoire de Questembert - n’est pas totalement extensible, même si la population locale a augmenté depuis 10 ans.
    Reprenant à votre compte, sans distance opportune, les arguments des porteurs de projet successifs ( Leclerc ou Super U), vous raisonnez en termes de « parts de marché », et vous avancez que puisqu’il y a un gâteau (marché théorique des dépenses commercialisables) de plus de 160 millions d’euros, et que les deux supermarchés de Questembert existants et récemment aggrandis prélèvent à eux deux environ 30 millions d’euros, il y a encore un gros morceau de gâteau à prendre.
    Vous semblez bien assurés du raisonnement !
    Nous sommes, quant à nous, plus circonspects, et nous n’oublions pas :
    - qu’il y a d’autres concurrents déjà en place non réellement pris en compte, non seulement dans un périmètre restreint : Super U de Malansac (demandez-donc à son patron ce qu’il pense du projet concurrent et de la même enseigne sur une zone de chalandise qui s’entrecroise ?), mais plus largement supermarchés de Muzillac, d’Elven, de Malestroit, de Noyal-Muzillac, de Berric, de Sulniac, de la Vraie Croix, de Pleucadeuc, de Pluherlin, de Limmerzel, de Caden., etc.. et de Questembert .
    - que le référencement d’un supermarché ,à dominante alimentaire et d’une surface ne dépassant pas 3000 m2 (c’ à d. avec une amplitude de l’offre commerciale réduite), n’est pas en mesure de contrer l’offre d’ hypermarchés (5000 m2 ou plus) très attractifs... ou d’autres grandes surfaces spécialisées, et donc de reprendre une part importante de l’évasion commerciale qui s’y adresse.
    - que le « marché théorique » d’une zone doit être corrigé par ce qu’on appelle l’indice de disparité de consommation (IDC). C’est à dire, concrètement, que le pouvoir d’achat moyen mobilisable des habitants de la zone commerciale de Questembert (zone à dominante rurale) est, par ex., inférieur à celui de Vannes et de son agglomération, et surtout que les comportements d’achat c’est à dire l’importance respective de tel ou tel poste de consommation ( alimentation, habillement, logement/chauffage, équipement de la maison ou de la personne, transport/déplacements, loisirs/culture, etc... )est très largement relative au pouvoir d’achat, au lieu et mode d’habitation, aux habitudes familiales et culturelles...
    - que la VPC ( vente par correspondance) est en train de connaître un développement très rapide ;
    - que les « dépenses commercialisables » s’entendent hors logement/ loyers/ emprunts/ impôts/ énergie, hors certains services...,
    - et donc que le marché « résiduel » doit être nettement circonscrit..

    Au total, donc, ce marché théorique de 160 millions d’euros doit s’interpréter avec un peu plus de circonspection, … et les avantages que vous prêtez à ce projet (« une chance pour le développement », écrivez-vous, un plus de pouvoir d’achat d’au moins 3%, des emplois (plus de 40) ne nous paraissent aucunement garantis.
    Nous le disons aussi sereinement que vous affirmez le contraire : augmenter l’emprise de la grande distribution sur le secteur ne correspond pas à un besoin ; il n’y a pas place pour un nouveau supermarché à Questembert, quelle qu’en soit l’enseigne, sans conséquences négatives sur l’emploi global de la zone de chalandise, sur la fragilité du commerce de centre ville et celle des commerces des communes périphériques ; sur le développement d’une dynamique - que nous souhaitons promouvoir - de produire/échanger/consommer local, de pratiques agro-culturales respectueuses de l’environnement , de mode de vie plus économe en énergie et en « empreinte écologique »...
    Le soutien à un projet qui va encore accélérer l’emprise de la GD constitue un choix que nous récusons, car il correspond à une accélération de l’emprise d’une économie de prédation. Toute l’histoire économique – bretonne notamment – vient étayer ce constat . (Nous ne le développerons pas ici ; nous renvoyons à ce que nous avons écrit – et que vous connaissez - sur l’avenir de l’agriculture bretonne et son lien avec les centrales d’achat de la GD).
    Nous imaginons qu’il serait peut-être préférable de soutenir la création de magasins de producteurs, ou d’épicerie sociale, ou par exemple de légumerie... susceptible d’approvisionner de manière fiable les cantines avec des productions locales et de qualité.

    Enfin, vous vous en prenez aux Associations de Consommateurs qui n’auraient pas trouvé sur le territoire les « informateurs pertinents » et qui, en CDAC, se sont « à tort » abstenus !
    Apparemment il y a eu une concurrence de pertinence.
    Et nous permettrez-vous de faire référence, de notre côté aux deux « personnalités qualifiées » ayant eu aussi à se prononcer sur le projet en CDAC, l’une au titre du Développement Durable, l’autre au titre de l’Aménagement du Territoire, et qui toutes deux ont voté contre.
    Cela ne vous vient pas à l’esprit que ces personnalités qualifiées ont précisément dit non à ce projet parce qu’il n’obéissait pas aux critères d’un véritable développement durable et ne constituait pas un bon projet d’aménagement du territoire.
    C’est là aussi ce que nous pensons.
    En conclusion, nous ne trouvons pas ridicule d’essayer de promouvoir un autre monde, et par exemple le « produire, échanger et consommer local » est un but ambitieux, certes, mais un but essentiel. Nous sommes toujours étonnés que la mouvance politique que vous représentez traîne si souvent les pieds pour nous aider à y parvenir, et nous ne voyons pas en quoi le développement de la grande distribution pourrait être un début de réponse à l’atteinte de cet objectif.
    Nous formulons le vœu que la concertation argumentée puisse en 2013 trouver une meilleure place et l’emporter sur les polémiques telles que celles relevées plus haut ou encore cette pique surprenante de votre dernier éditorial : « l’approbation d’un agenda 21 …] doit-il interdire toute autre forme de distribution » , comme s’il agissait de cela, et comme si le secteur n’était pas déjà abondamment pourvu en supermarché bien au-delà de la moyenne nationale ou même départementale !

    Henri Guilbaud, Roselyne Peron, Francis Roy membres du comité Agenda 21

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    • Très bonne explication sur l’aberration d’une nouvelle grande surface mais surtout sur les méthodes de Paul Paboeuf.
      Vous comprenez que Paul Paboeuf utilise l’écologie uniquement quand ça l’arrange.
      Comment peut-on croire à sa sincérité en ce qui concerne l’agenda 21, alors même qu’il influence les conseillers municipaux ou communautaires à voter pour le bétonnage des zones humides pour la réalisation de la 2x2 voies, et qu’il soutient officiellement la destruction de plusieurs hectares de zones agricoles sur Notre Dames des Landes ?
      Ne soyez pas naïfs en restant à ses côtés vous renforcer son pouvoir de vous museler, et surtout indirectement vous devenez complices de ses décisions.

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    • > « Membres non élus du Comité A 21 de Questembert, nous avons jugé utile d’entrer dans le débat qui s’est ouvert sur le site de P. Paboeuf »Questembert notre Cité" à la suite de la décision de la CDAC concernant le projet de Super U.
      > Les arguments que nous avons souhaité formuler répondaient à d’autres arguments sur un sujet d’intérêt général et dans un débat public.
      > Nous souhaitons donc nous démarquer de propos ( ceux tenus sur ce site "Questembert notre Cité par un questembertois anonyme, le 11 janvier, ) dans le billet qui a suivi le nôtre et sans doute en réponse au nôtre.
      > Nous trouvons peu courtois ce billet qui espère nous convaincre de notre naïveté et de notre complicité involontaire ou inopportune avec le Maire.
      > Nous ne comptons pas abandonner nos convictions d’un développement plus soutenable telles que nous les exprimons dans le cadre de l’Agenda 21 de la commune. Et même si nous constatons que le fossé est encore très important entre ce que nous défendons et ce que font les socialistes ( ex. concernant le nucléaire et l’EPR, les choix énergétiques, Notre Dame des Landes, la politique agricole, le type de croissance en réponse à la crise, ... et, sur le plan local, le soutien au projet de Super U) , nous espérons que le débat auquel nous souhaitons participer localement, avec vous, entre citoyens, et avec les élus, en commissions... ou ailleurs, pourra se poursuivre sur le fond..., en évitant les facilités et propos irrespectueux qui ne servent pas la démocratie.
      >
      Henri Guilbaud, Roselyne Perron, Françis Roy

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