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Vatican

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Le Parlement européen, en cette année interculturelle, reçoit et écoute des personnalités religieuses de toutes confessions. Le 15 janvier 2008 il a ainsi accueilli le Grand Mufti de Syrie, Sheikh Ahmad Badr al-din Hassoun. Il est le plus haut dignitaire musulman sunnite du pays. Il a tenu un discours de paix, condamnant ceux qui interprètent mal la Bible, la Torah ou le Coran : “c’est l’Homme qui est sacré, pas un bout de terre ou une église, un mur des lamentations ou une mosquée”. Puisse-t-il être entendu !

Voir en ligne : Le site de Bernard Poignant, député européen

Le 24 septembre dernier, les députés entendaient le Patriarche Bartholomée Ier, Primat de l’Eglise orthodoxe de Constantinople depuis 1991. Il est de nationalité turque mais appartient à la petite minorité grecque de Turquie. On lui donne le surnom de “Patriarche vert” pour son soutien à la cause de l’environnement. Il a tenu un discours de dialogue entre les religions. Il a fait de ce thème et de cet objectif sa priorité. “Les Musulmans, et aucune autre minorité, ne doivent vivre dans des ghettos : ils doivent être intégrés dans une société qui les accueille. Mais cela doit être réciproque : il
n’est pas normal qu’aucune église chrétienne ne soit autorisée en Arabie Saoudite”. Puisse-t-il être écouté !

Le 19 novembre le rabbin Jonathan Sachs sera reçu au sein du Parlement. Il est le Grand rabbin des Congrégations hébraïques Unies du Commonwealth depuis 17 ans. Il aime rappeler l’interrogation des sages juifs il y a plusieurs siècles. Ils se demandaient qui pouvait être le plus grand de tous les héros :“Ils ont conclu que c’était non pas celui qui
vainc son ennemi, mais celui qui se fait un ami de son ennemi”. Il a déjà été entendu et enfin écouté en Europe : la réconciliation est à la base de notre Union depuis 60 ans. Le Dalaï-lama sera enfin reçu le 4 décembre à Bruxelles.

Seul Benoît XVI ne se sera pas exprimé devant le Parlement européen en 2008. A chaque fois l’invitation du Pape est sujet à discussion, voire à polémique. C’est qu’à la différence des trois premiers, il est aussi un Chef d’Etat, Etat original certes, mais cependant reconnu par l’ONU même s’il n’est pas membre des Nations-Unies. De même, il est membre observateur du Conseil de l’Europe où l’on retrouve la Russie, la Turquie comme la France et l’Arménie. Il ne compte pourtant que 824 habitants recensés en 2008 sur quelques km2. Sa langue véhiculaire est l’italien, sa langue juridique est le latin, sa langue diplomatique est le français, sa langue “militaire” pour la Garde suisse est l’allemand : on ne peut pas faire plus éclectique !

Aurait-il le droit d’adhérer à l’Union européenne ? C’est un Etat théocratique au sein duquel le pape dispose du pouvoir absolu sans que soient séparés l’exécutif, le législatif et le judiciaire. L’élection de son chef est, pour le moins, peu transparente et démocratique : nul ne sait comment l’Union jugerait la technique du conclave et de la fumée ! De plus, le Vatican n’a pas de Parlement, condition nécessaire pour entrer dans l’Union. L’ égalité entre les hommes et les femmes n’est enfin pas respectée. Seuls les premiers peuvent en effet devenir prêtres. L’article 21 de la Charte des Droits fondamentaux, sur un strict plan juridique, serait alors bafouée :“Est interdite toute discrimination fondée notamment sur le sexe etc…”. Ou encore l’article 23 qui stipule : “L’égalité entre les hommes et les femmes doit être assurée dans tous les domaines”. C’est évidemment une monarchie élective, non héréditaire, dans laquelle le Chef de l’Etat est élu et règne à vie.

Il présente également une originalité en matière de citoyenneté. Comme pour l’Union, la citoyenneté vaticane s’ajoute à la nationalité d’origine. Elle est liée à la fonction exercée au sein du Vatican. Elle cesse quand la fonction cesse. Mais elle est attribuée au conjoint (quand la fonction n’est pas sacerdotale) et à la famille des fonctionnaires du Vatican. Les garçons en perdent le bénéfice à l’âge de 25 ans et les filles au moment de leur mariage.

Pas simple de cumuler sur le même très petit territoire deux rôles : celui d’un Etat appelé Cité du Vatican et celui d’un centre religieux appelé Saint-Siège, la même personne se trouvant à la tête des deux. Il est peu probable que cet Etat fasse une demande d’adhésion à l’Union même s’il utilise l’euro par un accord monétaire de 1999 et même s’il a émis le souhait de rejoindre la zone Schengen. On ne saura donc jamais quelle tournure prendrait une négociation avec le Vatican et il est fort probable que le Parlement reçoive dans les prochains mois ou années le représentant du Saint-Siège, avec les mêmes réactions et les mêmes débats.

Publié le mardi 2 décembre 2008, par Bernard Poignant.

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