Accueil > Politique > Voter Europe

Voter Europe

Europinion

    Partager : sur Facebook, sur Twitter, sur Google+.

C’est plutôt mal parti. Le Président de la République et son parti ont ouvert le bal : l’élection européenne est une variable d’ajustement du prochain remaniement ministériel. Le PS n’est pas sans reproche : l’élection européenne doit être l’élection anti-Sarkozy comme si notre devoir n’était pas d’être positif pour l’Europe elle-même. Sans compter que l’essentiel va être de savoir si Ségolène Royal et Martine Aubry seront ensemble sur une scène de meeting ! Jean-Luc Mélenchon et Philippe de Villiers ne rêvent que de prolonger leur éternel non européen après le référendum du 29 mai. François Bayrou ne pense qu’à 2012, Besancenot qu’à son nouveau parti, Le Pen qu’à sauver ce qui reste du sien, les Verts qu’à redorer le leur.

Voir en ligne : Le site de Bernard Poignant

L’élection européenne devrait être un moment d’instruction civique et d’explication démocratique. Car le Parlement européen n’est pas l’Assemblée nationale. Le vote des électeurs ne changera aucun des gouvernements en fonction. Ce rôle revient à chaque peuple. Berlusconi et Sarkozy seront toujours en place. Même la composition de la Commission ne résultera pas de l’élection, car chaque gouvernement nomme son Commissaire et n’a pas pour habitude de choisir un opposant. Il est demandé de nommer le Président de cette Commission en tenant compte du résultat des élections mais cela vaut pour lui seul. Connaissant les couleurs politiques des 27 gouvernements, il faut déjà dire aux électeurs que la majorité du Conseil des Ministres et de la Commission penchera à droite. Leur cacher cette réalité, les bercer d’illusion, c’est alimenter la machine à décevoir et au total en faire des indifférents ou des opposants à l’engagement européen. Si les sociaux-démocrates allemands gagnent l’élection législative le 27 septembre prochain et si Nicolas Sarkozy est battu au printemps 2012, la donne changera déjà beaucoup. Mais ce sont les Allemands et les Français qui en décideront : pas les autres !

Qu’attendre alors des élections européennes ? La vérité sur le Parlement. Demain il sera totalement législateur si le traité de Lisbonne est ratifié. Il rassemblera 28 pays si la Croatie nous rejoint. Il comptera au maximum 751 députés. C’est important quand on sait que les décisions se prennent à la majorité absolue des membres du Parlement et non à la majorité des suffrages exprimés. Aucun groupe politique ne réunit cette majorité. Il faut la chercher en pesant de tout son poids. La France ne doit donc pas disperser ses députés dans tous les groupes comme c’est le cas aujourd’hui. L’Allemagne et le Royaume-Uni concentrent les leurs. Voter à une élection européenne dans et pour son pays, c’est se préoccuper du vote dans les 26 autres pays. C’est un vote international et non national. C’est un vote qui doit rechercher l’efficacité de notre présence pendant cinq ans et non la satisfaction momentanée du soir d’élection.

Ce regard sur le Parlement n’interdit pas de présenter son projet devant les électeurs. Les socialistes européens ont leur « manifeste ». Le mot retenu a un sens : ce n’est pas un programme. Car les députés européens n’ont pas le droit d’initiative et une majorité de gauche au sein de cette assemblée ne pourrait déboucher sur l’application automatique des projets : pas de nationalisations comme en 1981 ; pas de paquet fiscal comme en 2007 ! L’Europe c’est toujours du compromis, c’est un rapport de droit et non de force, un rapport de coopération et non de domination, un rapport de négociation et non d’hégémonie. En France l’Assemblée nationale a le dernier mot ; en Europe, il faut se mettre d’accord.

La tentation sera grande dans les quinze derniers jours de faire du scrutin de juin 2009 un tour de chauffe pour mai 2012. Je rêve d’un grand débat européen avec beaucoup de hauteur de vue. Un débat en France qui susciterait l’intérêt et l’admiration des 26 autres pays. Ce qui prouverait que notre nation a encore quelque chose à apporter à l’Europe. Car comme l’écrit l’historien roumain Cioran : « Un pays est grand, moins par le haut degré de fierté de ses citoyens, que par l’enthousiasme qu’il inspire aux étrangers. »

le 04/21/09

Publié le dimanche 17 mai 2009, par Bernard Poignant.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document