Accueil > Politique > Constitution : la mort lente

Constitution : la mort lente

    Partager : sur Facebook, sur Twitter, sur Google+.

Il ne s’agit pas de la Constitution européenne mais bien de la Constitution française. A cet égard, il ne faut pas désespérer de Jacques Chirac : il lui reste deux ans pour enterrer définitivement cette œuvre du Général de Gaulle. Il a déjà fait beaucoup d’efforts pour cela. Il reste un dernier coup de collier à donner.

Voir en ligne : le site de Bernard Poignant, député européen, groupe socialiste

D’abord, c’est un homme politique qui fonctionne au rythme de deux ans quand il gouverne ou préside pleinement. Il ne tient pas plus. Pourtant, l’intention du Général De Gaulle a été de faire une Constitution pour inscrire la politique dans la durée. Premier Ministre en 1974, il démissionne en 1976. Premier Ministre en 1986, il est défait par François Mitterrand en 1988 après avoir mis les étudiants dans la rue contre le projet Devaquet en novembre 1986. Président de la République en 1995, il dissout et perd en 1997 après avoir paralysé la France en novembre / décembre 1995 sur la double réforme de l’assurance maladie et des régimes spéciaux de retraite. Réélu en 2002, il connaît une déroute électorale au printemps 2004 après avoir mis des millions de Français sur le pavé au printemps 2003 sur le thème des retraites. Après le revers du 29 mai 2005, il lui reste encore deux ans pour respecter son rythme.

Après avoir défait la Constitution par son rythme, il la détricote par sa pratique. C’est le premier gaulliste cohabitant même avec Valéry Giscard d’Estaing. Trahissant Chaban-Delmas en 1974, il lui claque la porte deux ans plus tard. Tout cela est peu gaulliste ! Il accepte ensuite de cohabiter deux ans avec François Mitterrand après avoir gagné une élection législative avant de cohabiter plus tard cinq ans avec Lionel Jospin après avoir perdu une autre élection législative.

Il a continué par la dissolution. C’est un droit réservé au Président de la République qui n’exige aucun contreseing au bas du décret mettant fin à la législature. La consultation des présidents des deux chambres est obligatoire mais leur avis n’est pas contraignant. Jacques Chirac a donc procédé à ce c uri eux exercice : dissoudre alors qu’il avait une majorité. Il a perdu mais il est resté.

Il a poursuivi par le référendum. Il en a convoqué deux. Le premier pour le quinquennat qu’il ne voulait pas. Il a d’ailleurs dit aux Français de voter comme ils le voulaient. De toute façon, il s’en foutait ! Ils sont d’ailleurs peu venus aux urnes. Puis, il a organisé un second référendum sur le Traité constitutionnel européen. Il était sûr de le gagner. Il a réussi à le perdre. Mais il est resté quand même. C’était normal qu’il ne mette pas son mandat en jeu avant le vote pour ne faire aucun chantage. C’était logique qu’il le remette entre les mains des Français au vu des résultats. Qui peut imaginer un De Gaulle se comportant autrement ?

Même la nomination des Premiers Ministres n’a pas échappé à une forme d’amate uri sme. En 1997, c’est Lionel Jospin qui se nomme le 1 er juin au bas du perron de l’Elysée. En 2004, au lendemain de la déroute de la droite aux élections cantonales et régionales, il confirme Raffarin en critiquant à la télévision ce qu’il fait. C’était pourtant à ce moment là qu’il fallait changer. En 2005, il se sépare de son Premier Ministre le 30 mai mais il en nomme deux d’un coup dont l’un en direct à la télévision.

Avant de partir en 2007, il lui reste une chose à faire : supprimer l’élection du Président de la République au suffrage universel. En revenir à 1958 et annuler 1962. Comme cela, il aura au moins une certitude : être le dernier Président élu de cette façon et priver son successeur de cette onction.

Cette courte histoire est celle de l’abaissement de la fonction présidentielle. A tel point que les prétendants aujourd’hui sont de plus en plus nombreux. Si Chirac a pu le faire, pourquoi pas moi ? Remarque de bon sens et pas étonnante.

Le futur Président aura une double mission : redorer le blason de la fonction sans l’éloigner des Français tout en résolvant leurs problèmes. Bonne chance pour cette quadrature du cercle !

Publié le mercredi 15 juin 2005, par Bernard Poignant.




Post-scriptum

JPEG - 2.2 ko
Bernard Poignant, député européen

Bernard Poignant est député européen depuis 1999, membre du Groupe parlementaire du Parti Socialiste Européen. Il siège à la commission de la pêche ainsi qu’à celle du développement régional. Depuis juin 2004, il préside la Délégation socialiste Française. Après avoir été Maire pendant 12 ans, il est Conseiller municipal de Quimper depuis mars 2001

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document