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Présidence 2008

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Une présidence peut en cacher une autre. En élisant leur Chef de l’Etat en mai 2007, les Français choisiront la personne qui présidera l’Union Européenne au second semestre 2008 après la Slovénie. Il serait judicieux de les prévenir avant pour qu’ils intègrent ce rendez-vous dans leur décision.

La France jouera gros en Europe cette année-là. Elle doit réussir sa présidence dans une Union qui comptera alors 27 membres, la Roumanie et la Bulgarie l’ayant rejointe entre temps. Car, avec le système actuel, il faudra attendre 2021 pour qu’elle se retrouve à la tête du Conseil européen. Le Président élu en 2012 n’aura même pas à assurer cette fonction : le quinquennat français ajouté à la rotation européenne tous les six mois le privera de conduire notre Union.

La France a déjà connu des moments où elle se trouve au cœur de la relance de l’Europe. C’est elle qui a commencé le 9 mai 1950 en tendant la main à son ennemi d’hier. Elle a été locomotive pour le Traité de Rome de 1957 : c’était la moindre des choses après son refus de la Communauté Européenne de Défense en 1954 (c’était aussi un non à l’Allemagne) et l’échec de l’expédition militaire de Suez en 1956 (c’était une aventure avec l’Angleterre). Elle a été motrice en 1984 avec François Mitterrand pour sortir l’Union de nombreux dossiers encalminés dont le fameux « chèque britannique » qui bloquait tout. L’histoire devra retenir de 2008 une nouvelle étape de cette nature après notre référendum négatif du 29 mai 2005.

Les conditions devraient être réunies. Cette présidence s’exercera au lendemain et non à la veille d’élections nationales. Elle ne devrait pas connaître la cohabitation. Au premier semestre 1995, François Mitterrand présidait, Edouard Balladur gouvernait, Jacques Chirac et le Premier Ministre « candidataient ». Le premier s’était adressé au Parlement européen en janvier et avait été ovationné ; le dernier avait conclu le semestre en se faisant huer par la même assemblée : il avait décidé seul la reprise des essais nucléaires alors que l’on commémorait la cinquantième anniversaire d’Hiroshima. Au second semestre 2000, Jacques Chirac et Lionel Jospin cohabitaient et envisageaient déjà leur affrontement de 2002 : ce fut le Traité de Nice, nécessaire pour l’élargissement, imparfait pour les institutions.

La France aura en 2008 à travailler avec les gouvernements en place dans les 26 autres pays. Ne croyons pas qu’ils se jetteront dans nos bras. Tony Blair ne sera plus là et son successeur est moins européen qu’il s’agisse de Gordon Brown ou de David Cameron. L’Allemagne est dirigée par une coalition gauche / droite. Les jumeaux de Pologne ne seront pas d’un grand secours. L’extrême droite partage le pouvoir en Slovaquie. L’alliance italienne va des centristes aux communistes. La droite suédoise a chassé nos amis sociaux-démocrates. L’Europe s’aborde les yeux ouverts. Tout déni de réalité est l’assurance de l’échec.

Pour être crédible, la France aura elle-même des conditions à remplir. Il vaudrait mieux ne pas être en queue de classe pour la transposition des directives. Dernièrement, nous étions en 18ème position. Une monnaie unique a le mérite de tuer les spéculations et de se prémunir contre les dévaluations. Elle exige aussi le respect d’engagements pris en commun en terme de déficits publics et d’endettement : il faudra être conforme en 2008. De plus, il vaudrait mieux ne pas se trouver dans la situation de Chirac pour la TVA à 5,5% pour les restaurateurs : accuser l’Europe d’une promesse qu’il savait ne pas pouvoir tenir seul.

Les conditions peuvent donc être remplies. Le Conseil européen de juin 2006 a mandaté la France pour des propositions institutionnelles au moment de sa présidence. Il nous est interdit de rater. Socialistes français, nous proposons la rédaction d’un traité social. Au PSE de la préparer dès maintenant. Socialistes européens, nous avons rédigé une directive-cadre sur les services publics. A nous, dès maintenant d’en convaincre nos partenaires.

L’Europe doit faire partie du débat électoral qui s’annonce. Un mois avant le premier tour de scrutin, nous commémorerons le cinquantième anniversaire du Marché Commun, dont le Traité fut signé à Rome le 25 mars 1957. C’est l’occasion de faire de cet anniversaire un moment utile pour notre Union..

Article tiré du site de Bernard Poignant, 17 octobre 2006

http://www.europinion.org/index.php5

Publié le lundi 23 octobre 2006, par Bernard Poignant.




Post-scriptum

Vous trouverez bien d’autres réflexions intéressantes sur le site de Bernard Poignant. Et en particulier un petit rappel sur les 35 heures et la durée du travail en France et ailleurs.

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