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> Pas d’avenir sans mutation

28 décembre 2006, 13:53, par HG

Contribution au débat (suite, H.G.)

(III) Quelles solutions, quelles alternatives ?

J.Cl.Fitoussi (que je cite librement) suggère « de puiser dans un gisement qui n’obéit pas aux lois de la thermodynamique et de l’entropie, l’augmentation des connaissances, [...] donc l’investissement dans l’éducation et la recherche – notamment d’énergies renouvelables et de tout ce qui peut réduire le contenu énergétique de notre niveau de vie – et dans la préservation de l’environnement, en inventant des moyens de ralentir le processus de « décumulation » des ressources naturelles...[...] La solution du problème écologique pourrait tout aussi bien être un accélérateur de croissance. A mi-chemin entre la nation et le monde, l’union européenne région riche s’il en est, pourrait acquérir un avantage déterminant si elle parvenait à combiner le règlement de son indépendance énergétique, de son approvisionnement, de la recherche dans les énergies nouvelles (*), la consolidation de son avance nucléaire(*) et la garantie de normes environnementales suffisamment intelligentes pour tenir compte de la diversité. »

- (*) [On voit , au passage, où ça coince : l’ Europe opérationnelle, où est-elle ? L’investissement dans la recherche...mais quelle recherche ? Les OGM ? Les nanotechnologies ? avec toutes leurs ambiguïtés... Et ces « nouvelles énergies », comment seront-elles compatibles avec de vraies « énergies renouvelables » ? (cf le nucléaire et l’EPR, et le programme ITER). Voir dans O.France du jeudi 21 déc.p.56 ‘N14), courrier des lecteurs : « nucléaire et réchauffement climatique ».

Relevons cependant que de plus en plus de réflexions, de programmes politiques, de pays, qui percevaient jusqu’ici les politiques du changement climatique comme un coût pour le développement, commencent à les voir comme des opportunités pour assurer la croissance d’une façon soutenable... Ils commencent à percevoir qu’il faudra consacrer à la recherche un budget important pour prendre en compte cette donne, qu’il faudra consacrer une part significative du PIB à la lutte contre le réchauffement, qu’il faudra contraindre les pays les
plus polluants ( USA, Chine...) à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, qu’il faudra introduire une fiscalité écologique mondiale, qu’il faudra taxer l’importation de fruits (et beaucoup d’autres choses) exotiques ..., bref qu’il faudra introduire de la « régulation » dans la mondialisation...

C’est précisément ce que préconise un rapport qui fait grand bruit, le rapport Stern (ancien responsable économique et monétaire de la banque mondiale), remis le 30 octobre à Blair.
Que dit -il en substance ?
Si les gouvernements n’agissent pas dans les dix ans, le réchauffement climatique provoquera le déplacement de 200 millions de personnes et la disparition de 40% des espèces vivantes. Le coût de cette catastrophe sera supérieur à ceux des deux guerres mondiales (+ de 5600 milliards d’euros) et elle provoquera une récession plus terrible que la crise de 1929...
En choisissant l’angle économique le rapport Stern montre qu’il n’y aura plus de développement économique, de croissance assurée sans prendre à bras le corps le problème climatique. Il inverse donc le point de vue en disant : « c’est le réchauffement qui menace la croissance », rejoignant ainsi la bonne logique capitaliste. S’il n’y a plus de croissance, il n’y a plus de profit. Donc pour poursuivre une croissance génératrice de profit il faut rechercher la manière d ’intégrer la « donne environnementale et climatique » avec ses surcoûts incontournables mais de telle sorte que les profits puissent se maintenir.( A relier avec la communication et l’action des multinationales qui se font les apôtres du développement durable. Ainsi EDF, Total... etc. qui investissent dans l’éolien par filiales interposées pour empocher la plus-value de la revente à bon compte permise par la réglementation actuelle, etc...).

Voilà peut-être où nous en sommes, du point de vue de l’économie libérale.

Résumons : chez Al Gore, les journalistes cités et le rapport Stern, on peut relever, au delà du constat,
3 points de convergence dans les orientations à prendre, :
- (1)faire prendre conscience,
- (2) taxer..(mais (1) et (2) à l’échelle mondiale),
- (3) faire évoluer les technologies.

Retenons que ces orientations identifient la combinaison imparable entre (1) action associative / politique : faire prendre conscience ; (2) action législative / réglementaire, ex. taxer/réglementer/ réguler/ répartir ; (3) action économique : réorienter les investissements ; la recherche, les axes du développement... etc.., à une échelle où cela a un impact...

Retenons encore avec J.Cl Pierre (point de vue paru récemment dans O.F.) que Geogescu Roegen, père de l’idée de décroissance ajoutait au constat déjà repris par Fitoussi de l’écart croissant entre processus économique et processus écologique (entropie)... la dimension incontournable de la « répartition » et donc de l’équité dans cette répartition...(vaste question à développer...)

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