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Questembert : la cité du camembert !

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Le 29 Mai de l’an 2017, Alice installée depuis peu à Questembert décide d’exercer comme elle l’a toujours fait son droit de citoyenne : assister à la tenue d’un conseil municipal.

Elle a entendu dire qu’au pays de la châtaigne se pratiquait une « démocratie participative. » Alice est heureuse d’avoir choisi une cité aussi ouverte et curieuse de découvrir des projets novateurs et même de participer aux débats en apportant un point de vue de citoyenne concernée et expérimentée. Questembert pays des Merveilles ? pense Alice.

Mais voilà bientôt une heure et demi qu’Alice est assise face à une assemblée quasi-muette : seuls quelques élus sont invités à présenter chiffres, pourcentages et camemberts… Effet de l’exposé soporifique, heure tardive ou indigestion de fromages, Alice, comme nombre de ceux assis autour d’elle, baille en écho aux bâillements de cette élue qui alternativement ouvre grand la bouche sans émettre aucun son… Drôle de manège, se dit Alice, qui n’a pas encore réalisé qu’elle se trouve dans une cité …équestre ! Les camemberts se suivent et se ressemblent, les couleurs s’emmêlent, les chiffres se confondent, les pourcentages flottent au-dessus des têtes : Alice lutte contre le sommeil qui la guette, contre la torpeur qui envahit la salle et saisit tous ses occupants élus et citoyens spectateurs. Oui Alice lutte, car elle ne voudrait pas être abusée par cette valse monotone des additions et des soustractions : « ATTENTION AUX ARNAQUES » c’est écrit dans le dernier bulletin municipal…

Alice sombre dans les bras de Morphée… coup de théâtre, sur la scène face à elle : un palefrenier à tête de cheval se met à vociférer, les naseaux écumants, les babines retroussées, l’échine hérissée, il interpelle, prend à parti, sermonne un opposant face à lui.

Il y aurait une drôle de bête qu’il faudrait éliminer dans l’écurie adverse, une jument malicieuse, une jument rose qui se prendrait la liberté de caracoler sur quelques mots histoire de faire tourner en bourrique les bons canassons soumis de la nouvelle écurie…

La reine ADADA, crinière impeccable, dents blanches, robe immaculée, qui préside le conseil, hoche le museau dans un mouvement approbateur et semble dire comme dans le roman de Lewis Caroll : « Qu’on les fasse taire , qu’on leur coupe la tête ! » Alice, entre fiction et réalité, rêve éveillé ou cauchemar, ne sait si elle doit rire ou pleurer de ce piètre spectacle ; cependant le palefrenier à tête de cheval hors de lui poursuit son incartade et pour se moquer des chroniques de la jument rose et faire montre de sa grande culture se fait HARA-KIRI en attribuant les adjectifs « bête et méchant » à un autre journal satirique (Charlie Hebdo) Pour ponctuer l’envolée lyrique de son garçon d’écurie la reine ADADA claque du sabot invitant tous ses serviteurs à en faire autant et là Alice n’en croit pas ses yeux ni ses oreilles, le museau bridé , les palefreniers bien dressés ont pris à leur tour tête de mules ou de baudets et battent en cadence du sabot pour récompenser l’audace du sermonneur.

Alice quitte le conseil à demi assommée par le spectacle de désolation auquel elle vient d’assister. C’est qu’elle en connaît quelques-uns de cette nouvelle écurie qu’elle fréquente de près ! Qui donc les a mis dans cet état ? Comment ont-ils pu en arriver là ? D’où vient une telle métamorphose ? Est-ce à force de ne pas communiquer entre eux ou à force de compromis et de servilité ? Peut-être à force d’avaler des camemberts indigestes.

Alice se pose cette question kafkaïenne : une oligarchie rampante pourrait-elle à ce point paralyser la prise de parole … le droit à l’expression et Questembert serait-elle en passe de devenir la cité où l’on doit fermer sa boite à camembert !

Quelle écurie ! Quelle incurie !

Publié le dimanche 18 juin 2017, par La jument ro(s)se.




Post-scriptum

de Paul Paboeuf : Comme je suis chargé de la mise en forme du texte pour préparer la diffusion, c’est mon nom qui est apparu à la mise en ligne. Il faut rendre à César... etc : je ne suis pas l’auteur de ce texte, il est signé de la Jument ros(s)e !

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