Le demi augmente, la faute aux taxes ?

La parole est aux brasseurs

Simple paresse de journalistes trop pressés (d’aller boire un demi au bistrot d’en-bas ?) : l’article n’est guère que le démarquage du communiqué des professionnels de la bière. Déjà, tout ça c’est à cause de la hausse de 160% des taxes sur la bière. 160% ! Oui, c’est bien du matraquage, sauf que les taxes en question, les « droits d’accises » même augmentées, ne représentent pas 0,10€ (10 centimes d’euros) par demi : l’augmentation, certes conséquente en pourcentage, fait monter la taxe de 13,75 € à 36 € par hectolitre (100 litres), de 0,034€ à0,09 par demi.... Cette augmentation ne concerne que les gros brasseurs, pour les petites brasseries, la hausse ne représentera pas 1 centime par demi.

Et comme les prix ont augmenté, à cause des taxes, si vous avez bien suivi !, la consommation a baissé au premier semestre de 15% dans le réseau cafés-hôtels-restaurants et de 4% dans la grande distribution. Accessoirement, du bout de la plume, le canard, reprenant les arguments des brasseurs, reconnaît que le printemps n’a pas été très favorable au petit demi bien frais en terrasse. C’était plutôt un temps petit salé beaujolais depuis le début de l’année.

N’empêche, le titre a bien marqué votre esprit, et l’article confirme l’impression : c’est la faute aux taxes.

Le reste de la presse à l’unisson, ou presque

Une bonne partie de la presse a, comme Ouest-France, répercuté le discours des brasseurs, parfois avec des titres plus objectifs. Comme ici 20 minutes qui se demande quel sera le prix du demi, et qui, dans le chapo de l’article, dit clairement que c’est le message des industriels : « Les industriels parlent de 25 à 40 centimes d’euros de plus pour un demi au comptoir. » ou encore Libération qui explique l’augmentation de la taxe : « Une hausse de taxe sur la bière pour financer la sécu » et qui répercute ironiquement les hauts cris des brasseurs : Abominable ! s’alarme la fédération des brasseurs de France.
Le pompon de l’intox revient sans conteste à L’usine nouvelle qui titre, en toute objectivité, La consommation de bière chute sous l’effet des taxes A lire ici On ne pouvait sans doute rien attendre de mieux de ce magazine qui est l’organe presque officiel des industriels, mais Ouest-France nous a habitués à une présentation plus objective de la réalité.