Une lecture salutaire

Du basique sur la pauvreté

Commençons par du classique - indémodable, le classique !

« La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli ».
Victor Hugo - Discours sur la Misère prononcé à l’Assemblée Nationale le 9 juillet 1849.

Rions - avant de pleurer - avec les Shadoks

« Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes »

Là de suite, en lisant la première page on comprend tout, celui qui écrit, je le découvre, mais il donne le ton, il va direct à l’essentiel...
je passe l’intro, mais elle est essentielle, je vais essayer d’en extraire le plus parlant, à mes yeux et donner envie de lire ce bouquin...

Au hasard, juste après : toujours aussi parlant,
morceaux choisis

« Assisté », dictionnaire Larousse, édition de 1928 : « celui qui reçoit les secours de l’administration, de l’assistance publique »
« Assisté », dictionnaire en ligne larousse, édition de 2011 : « Etre à la charge de la collectivité en raison de l’insuffisance de ses ressources, de son état physique »

En moins d’un siècle, être secouru n’est plus un devoir de la société à l’endroit des personnes vulnérables, c’est une charge...

La vérité est dans les chiffres. Il ne fait pas bon vivre, en France, sous le régime des minima sociaux. La survie est devenu le quotidien pour des millions de français qui, chaque année, à l’entrée de la période hivernale, viennent grossir les files d’attente des associations d’entraide. Certains argueront que la situation d’un couple avec un Smic n’est pas franchement plus appréciable. Ils auront raison. Mais ils se trompent de combat. La question qui doit être posée n’est pas celle du montant des allocations, c’est plutôt celle de la faiblesse intrinsèque des salaires en France au regard du coût de la vie.

Travailler plus pour gagner plus : un attrape couillons

Le célèbre « travailler plus pour gagner plus » a permis au président de la République de séduire les couches populaires à faibles salaires, qui ont vu dans cette promesse la possibilité d’une amélioration rapide de leur pouvoir d’achat à la sueur de leur front... il convenait donc de décaler le discours sur la valeur du travail en l’opposant cette fois-ci au « cancer de l’assistanat », comme l’a dénoncé si délicatement Laurent Wauquiez au mois de mai 2011. Il est inacceptable que quelqu’un puisse gagner plus en touchant les minima sociaux qu’en travaillant ; le message politique est limpide... sauf que c’est faux, chiffres à la clefs... Le principe même du RSA est que l’activité est toujours plus intéressante financièrement que l’inactivité...

Dans tous les cas possibles, en tenant compte des allocations, il est impossible d’avoir plus de revenus en touchant le RSA qu’en étant payé au SMIC. Peu importe, l’idée est lancée, et elle fait son chemin, en montant les gens les uns contre les autres, ceux du bas de l’échelle bien sûr, ça évite de penser à tout ce qui n’est pas fait. En donnant en pâture les gens qui ne s’en sortent pas, en les humiliant, on évite de parler d’autres choses... Dans ce livre, les idées reçues sont prises une à une, il faut bien ça pour démontrer que tout ce qui a été dit est faussé à la base... (Inception n’a rien inventé finalement, l’idée est lancée, bien déclinée et ensuite... les idées reçues pleuvent, basées sur une réalité biaisée, tronquée et surtout bien faussée)

Au hasard, la fraude aux allocations, ce n’est même pas 0,5% du montant global ... (matraquage des média avec ces salauds de pauvres qui volent, qui fraudent pendant que le autres travaillent) OUI la fraude existe, elle galope, elle est ailleurs : mais il s’agit... de la fraude fiscale des très riches qui représente pas moins de ... 25 à 30 milliards... salauds de pauvres....

Quand on sait aussi qu’il y a environ 30% de gens qui ont droit au RSA et ne le demandent pas... bizarrement, silence radio, chape de plomb... 
tous ces chiffres qui parlent d’eux-mêmes : 700 000 personnes sans domicile, j’ai oublié combien sans complémentaire santé ... 

Ce bilan amer, ces chiffres font mal donnent le tournis... oui, mais il fait aussi un constat évident, il faut changer complètement le système et il propose des solutions... mais pour ça, il faut aussi avoir envie de faire bouger les choses et vouloir les changer... il faut la volonté politique de faire quelque chose réellement pour que ça fonctionne... et ne pas balancer à tort et à travers des boucs émissaires trop préoccupés a essayer de survivre dans cette jungle ...

Dans ce livre il propose des solutions bien concrètes tout en décortiquant ces fameuses idées reçues balancées sciemment tout au long de ces 5 dernières années... mais pas que, il parle également des erreurs faites... depuis des années... 

Allez, je vous dévoile le nom de cet écrivain, c’est un élu de terrain et expert des questions sociales, c’est un jeune aussi, que j’ai découvert en cherchant sa biographie, il s’appelle Benjamin Griveaux et, vous l’avez compris, il dénonce la pauvreté, mais pas que.

Bizarrement, je suis d’abord satisfaite de lire enfin un véritable plaidoyer pour tous ces gens montrés du doigts exhibés et lynché sur la place publique alors que leur seul tort est... d’exister finalement....

Je revois K. qui passe me voir les yeux rougis, malade de cette idée de référendum, pour ou contre les assistés, on se serait cru dans les arènes romaines... je les voyais avec leurs pouces baissés, avec cette foule hurlant et applaudissant... je pense à cette trêve hivernale pour les expulsions qui est maintenant terminée… salauds de pauvres...

Oui, je sais, c’est épidermique, je suis très énervée et fondamentalement remuée en lisant ce constat, de lire tous ces chiffres, je mesurais l’ampleur, mais de lire tout ça noir sur blanc, pas de doutes possibles... mais faut bien reconnaître que de lire quelqu’un qui fait un vrai constat, déjà bravo. Ils ne sont tellement peu nombreux à franchir le mur de la communication pour se faire connaître. Il ne faut pas se leurrer sur le terrain ils sont nombreux à connaître la situation et à essayer d’aider avec leurs moyens.... mais là, en prime il propose des solutions, voilà c’est ça qui fait que j’ai aimé ce petit livre de 160 pages... il paraît positif quelque part... enfin une porte de sortie... un autre regard surtout, merci pour eux...

Ah oui, j’oubliais, mais ça, je ne l’ai découvert qu’après... il est ... vice-président socialiste du conseil général de Saône-et-Loire et du Grand Chalon. 

En conclusion, il éclaire bien sur le sujet, il n’oublie rien et surtout, surtout... il a tout compris... il faut en finir avec la pauvreté...

Elu de terrain et expert des questions sociales, Benjamin Griveaux dénonce le la pauvreté. Des solutions existent, il propose des mesures concrètes. Il décortique toutes les idées reçues et aussi.. les erreurs passées... Ah oui, j’oubliais, il est vice-président socialiste du conseil général de Saône-et-Loire et du Grand Chalon. Je ne sais pas si son livre est à vendre, mais en attendant, il faut le lire, il éclaire bien sur le sujet et surtout, il a tout compris...

le titre ?

Salauds de pauvres ! pour en finir avec la pauvreté
chez Fayard - 12 euros

Plus d’info

ici sur site de la fondation Jean Jaurès

et là dans le texte joint de Médiapart

M. Magnaudeix sur mediapart

Et la scène de référence dans la Traversée de Paris